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L'expulsion de Courcelles-Chaussy en 1940

Le dimanche 17 novembre 1940, sour une pluie battante, plusieurs camions allemands, chargés de S.S. avaient envahi le village de Courcelles-Chaussy.

 

Un des camions s’était arrêté au Faubourg (aujourd’hui rue de Gaulle). Les S.S., par groupe de deux, se dirigèrent vers certaines habitations, la mitraillette en avant…. Ils demandent à toute la famille de rejoindre la place du Monument aux Morts en emportant ce que l’on pouvait porter soit trente kilos de bagages par personne et deux mille francs…

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C’est ainsi que sur sept enfants Lallier, quatre ont été expulsés avec leurs familles et un emprisonné au fort de Queuleu.

Nous avions moins de deux heures pour nous rendre sur la place du village, l’heure du rendez-vous était à 11 heures.

Dans le village, des bruits avaient circulé sur les noms de ceux qui partiraient. Nous savions que nous étions sur la liste tout simplement parce que les siedlers, familles allemandes qui venaient occuper les fermes lorraines en vue de fournir de quoi nourrir les troupes allemandes, arrivaient en terre conquise. Ces colons étaient des gens de condition modeste. Ils n’avaient pas hésité à quitter leur région sachant ce bien qui allait leur échoir.

C’est ainsi que toute la famille quitta la ferme et tout son contenu, en laissant les clés sur la porte. Quel devait être leur état d’esprit de quitter sa maison, son village, sans connaître ni la destination, ni la durée !

On m’a raconté (j’avais 22 mois !) que, sur la place du village, des autobus attendaient pour nous transporter vers Metz, à la gare de marchandises d’où nous sommes partis vers 15 h pour nous arrêter en rase campagne. Halte qui dura jusqu’à 17 h. La crainte de mes parents était de partir vers l’Allemagne… A la nuit tombée, nous sommes arrivés à Nancy et la Croix Rouge nous a ravitaillés.

Le trajet a duré trois jours. Chaque wagon était indépendant, sans communication avec les autres. Ils comportaient deux banquettes en bois et une porte qui donnait vers l’extérieur. Pas de W.C. puisqu’il n’y avait pas de couloir. Pour qu’on puisse satisfaire les besoins, le train s’arrêtait en rase campagne et les passagers devaient se soulager au vu de tout le monde…

Notre train a roulé jusqu’en Dordogne, précisément jusqu’à Razac-sur-L’Isle où nous sommes arrivés le 19 décembre au soir… Sur la place, on attribuait des logements. Comment était le nôtre, je n’en sais rien. Par contre, je me souviens que la cuisine était le refuge des Courcellois. Papa avait acheté un poste T.S.F. grâce à l’argent qu’il avait caché dans les talons de chaussures de mon frère et nous étions l’exception avec ce moyen de communication. C’est avec émotion que tout le monde suivait les nouvelles de cette guerre qui nous avait chassés de chez nous.

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